Une friche industrielle à Meudon

Le Hangar Y

Toujours débout, rassurez-vous

Au détour  d’une balade dans l’ouest parisien, armé de curiosité et de bonnes chaussures, histoire de se mettre en jambes, on peut apercevoir plusieurs bâtiments qui ont traversé les âges et qui, chose étonnante, trouvent encore une place dans le paysage urbain des Hauts-de-Seine.

C’est le cas du Hangar Y. Mais qu’est-ce donc que ce Hangar ? Situé en bordure de la forêt de Meudon, c’est un bâtiment aux dimensions hors-normes, à l’architecture industrielle typique du XIXème siècle : larges verrières,  nef centrale et poutrelles métalliques. Edifié en 1878 sur le Champs-de-Mars parisien pour l’Exposition Universelle, il est démonté puis remonté un an plus tard à Meudon, à proximité du grand Etang de Chalet.

En 1879, il échappe donc à une première destruction programmée-Ouf.

Dès 1880, le Hangar Y devient le c½ur de l’aérostation française et sera dès 1884, la tanière du premier engin entièrement dirigeable « La France ». A l’air du drone et autres bidules technologiques, l’exploit peut paraître léger, néanmoins, il s’agit du premier vol mondial en circuit fermé… Près de 8 kilomètres sont parcourus en 23 minutes - succès total. Puis s’ensuit la Première Guerre Mondiale, période d’intense activité pour le Hangar Y. Il faut construire rapidement des ballons captifs d’observations pour l’armée du front. A partir de 1921, bien avant le Bourget, le site devient le Musée de l’Air. Premier lieu de ce type au monde, iI abrite une riche collection d’équipements d’aérostation. Des avions et des moteurs survivants de 14-18 trônent au c½ur du Hangar de Chalais-Meudon.

En 1964, c’est un tout autre souffle qui s’insinue sous la verrière…Celui de Marc Chagall, qui investit les lieux pour y peindre et assembler le plafond qui ornera l’Opéra Garnier. 220m² de couleurs, de fleurs, de foisonnement de personnages ailés,  de danseuses et d’instruments de musique, prennent vie dans ce lieu aux proportions titanesque. Bâtiment idéal donc, pour réunir et enchâsser les 24 panneaux de résine de polyester démontables qui constituent l’½uvre d’un artiste hors de tout mouvement artistique. Plus ou moins délaissé, le Hangar est classé Monument historique en 1982 et devient le témoignage grandiose de l’architecture pleine de promesses et d’ambitions industrielles du XIXème siècle. Et c’est tout naturellement que l’univers du cinéma s’intéresse à ce lieu…Avec ses proportions uniques, le Hangar Y constitue un décor cinématographique rare et devient une friche industrielle francilienne prisée. En 2003, sa verrière et son puit de lumière séduisent Jean-Pierre Jeunet qui dirige Audrey Tautou (aka Mathilde) pour le film Un Long Dimanche de Fiançailles. Le Hangar Y devient alors un ahurissant décor d’hôpital militaire, au-dessus duquel flotte la masse d’un inquiétant et surtout inflammable dirigeable …

Pour découvrir cette friche industrielle des Hauts-de-Seine, n'hésitez pas à vous promener du côté de des Etangs de Meudon.

Comme le Hangar Y, plusieurs édifices construits pour les Expos Universelles parisiennes successives, ont échappés à une destruction programmée. Situé à Courbevoie le Pavillon des Indes et de Suède/Norvège est un autre exemple d'architecture éphémère devenue pérenne.

L’ouest parisien et l’ère industrielle

Se déroulant pour la première fois à Londres en 1851, l’Exposition Universelle demeure un événement d’envergure mondiale au sein duquel la France a largement su rayonner. Célébrant les arts mais aussi les progrès techniques et industriels au XXème siècle, ce ne sont pas moins de 7 expositions qui se déroulent  à Paris entre 1855 et 1937. Le Grand Palais ou la Tour Eiffel en sont des témoignages majestueux. Fabuleuses vitrines des temps modernes, les Expositions Universelles n’en sont pas moins liées au département des Hauts-de-Seine.

En 1867, tandis que les fameuses malles-valises de Louis Vuitton, made in Asnières-sur-Seine, font leur apparition, l’Île Saint-Germain à Issy-les-Moulineaux (anciennement Île de Billancourt) accueille l’annexe agricole de l’Exposition Universelle.

Le Champs-de-Mars et la vaste Galerie des Machines s’avèrent trop restreints pour accueillir les impressionnantes charrues à vapeur, les moissonneuses et autres batteuses électriques mais aussi les hangars ou autres étables qui accueillent vaches, moutons, chevaux et animaux de compagnie. Pour la première fois, un service appelé Bateaux-mouches navigue tous les jours sur la Seine et permet de relier le site du Champs-de-Mars et l’Île de Billancourt. Cette ligne unique de la compagnie lyonnaise Bateaux-Omnibus, a transporté près de 2.5 millions passagers durant cet événement. Vingt-deux ans plus tard, Paris est pour la quatrième fois, le théâtre de cette manifestation mondiale. L’Exposition Universelle de 1889 doit venir célébrer la centenaire de la Révolution Française et dès 1887, c’est le projet de la construction métallique de Gustave Eiffel qui  est retenu, la Tour Eiffel verra donc le jour. Depuis 1866, les ateliers de fabrication du constructeur et sa société Gustave Eiffel et Cie, sont installés à Levallois-Perret. C’est donc au c½ur de cette ville de l’ouest parisien que les quelques 18 000 pièces métalliques de la Tour de 300 mètres de haut, furent percées, découpées et pré-assemblées. En marge de l’Exposition de 1889, les plaines de l’ouest parisien ont été envahies par un célèbre mais non moins insolite personnage : Buffalo Bill et sa troupe d’Indiens…Au milieu de la prairie (de l'ouest parisien), ce sont tous les Etats Unis qui débarquent en grandes pompes : 800 hommes, 100 Peaux-Rouges et 500 chevaux...